Pâques

Allons, dépéchez-vous – Kommt, Eilet, und Laufet BWV 249

Regarder/Ecouter l’Oratorio de Pâques: cliquer ici / Le texte et la traduction ici

Il Perugino, Résurrection (musée des Beaux-Arts de Rouen, détail)

Un vendredi soir du printemps 1725, l’église Saint Thomas de Leipzig résonnait des derniers accents de « Ruht Wohl » et du choral final de la PSJ. Jésus au tombeau était mort, et les fidèles invités à vivre la journée de désert du Samedi Saint. Jour de silence. Le dimanche matin, en poussant la porte de l’église, avec la cantate BWV 249, dite « Oratorio de Pâques », c’est la musique de la Résurrection qui résonne, avec trompettes et timbales. Imaginons un instant l’effet produit sur la communauté ! C’est une joie collective orchestrée avec art, c’est bien le cas de le dire…

Comme nos petits soldats endormis du Pérugin (1497, on peut les admirer au musée de Rouen), après le sommeil, le réveil . Je vous invite à éprouver cela dans un premier temps de façon immédiate, sensorielle, sans analyse. Après quoi, je vous propose, ci-dessous, d’écouter un interview de M. Van Veldhoven, qui a dirigé la Netherland Bach Society, à propos de cette oeuvre. Pour vous aider, je traduirai les grandes lignes du propos en anglais en dessous. Vous verrez aussi quelques images de répétition de la première vidéo. Et enfin, je vous laisse un petit cadeau.

Joyeuses Pâques 2020, et espérons qu’en 2025, nous ferons une fête musicale extraordinaire pour l’anniversaire de cette Passion et de cet oratorio. Merci d’avoir suivi ce cycle « Sept jours avec Bach » !

Quelques clés d’écoute…

Pour voir/écouter la vidéo, cliquer ici

Traduction de l’interview:

« Festif, ouvert, à la mode: on est loin de la gravitas des Passions. C’est quelque chose de voulu par Bach, ce contraste d’affect très fort avec les deux heures d’écoute de la Saint Jean, deux jours plus tôt. Et ensuite, un coup de génie: après la première symphonie, l’Adagio, qui est pour moi le point central du message de Bach ici. Tout le monde, en entrant dans l’église, a dans l’esprit que Jésus est au tombeau, mais aussi, que ce tombeau s’est trouvé ouvert. Et, dans cet Adagio, on a cette lumière du matin, avec le motif récurrent des cordes (1’18), vraiment comme un point d’interrogation. Cet Adagio, c’est le sentiment du tombeau vide. Pas encore de couleurs vives, mais pastel: la fragilité de la flûte, comme la lumière du matin. C’est un début tout en délicatesse. Au début et à la fin, il y a timbales et trompettes, mais au centre, une structure délicate d’airs et de récitatifs. Et un air central: celui de Simon-Pierre [rappelez-vous son rôle central dans la première partie de la PSJ et la pensée de la Rédemption: cf 4/7] avec les cordes et les flûtes à bec. Dans cet air, le ténor révèle que le tombeau vide a une signification. « 

Ici, le ténor Thomas Hobbs s’exprime: « Dans tous mes interviews, mon rôle habituel est de dire à quel point l’air de ténor est un champ de mine, une montagne de difficultés techniques [rire]. Ici, c’est l’occasion de changer un peu: je peux dire que n’importe quel soliste se damnerait pour chanter cet air, tant il est beau. Avant, il y a un temps pour réaliser que quelque chose d’extraordinaire s’est passé: le tombeau est vide. Et là, c’est l’assurance que tout ira bien, que la mort n’est plus sujet de crainte. C’est incroyable. Et là, l’entrée du ténor…et sur le mot « Schlummer », qui ne dure qu’une mesure et demi, on a vraiment la sensation d’une éternité. L’idée que l’espoir est arrivé, et que le réconfort donné le sera pour longtemps. Je vois comme une mer qui remue doucement. On peut s’imaginer faire du yoga sur cet aria. Ou quelque chose comme ça…ce type de sensation. « 

VV: « Puis, peu à peu, on est amené à la conclusion: le chagrin n’a plus sa place, il peut être remplacé par une grande chaleur. L’auditeur y est amené peu à peu. A la fin, plus de doute: « Preis und Dank » (Sois loué et remercié). Si ce n’est que, comme souvent, Bach a réutilisé cette musique plusieurs fois, avec des textes différents: « Glück und Heil », « Heil und Lust »…si bien que, dans un manuscrit, il s’est même emmêlé les pinceaux: on lit « Preis und Heil » à la basse, avec une rature. C’est tellement rare…on sourit, on le voit, tard le soir un peu fatigué…humain, avant tout ! »

Et un petit cadeau,pour la route

Si vous voulez continuer à fréquenter Bach quotidiennement, ce qui est excellent pour la santé, celle de vos proches, et globalement pour le sentiment d’existence, voici, parmi d’autre, une merveilleuse ressource. All of Bach est une plateforme qui tend à proposer toutes les œuvres de Bach en vidéo: par la Netherland Bach Society, dont c’est le projet, mais aussi d’autres grands interprètes. Vous y trouverez par exemple les Variations Goldberg, les Suites pour Violoncelle…Vous pouvez chercher par genre, par oeuvre, par instrument, etc. Une ressource magnifique et très joliment présentée. Alors, profitez-en sans modération !

All of Bach, le site ici

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